«Tel un scaphandrier, l’artiste, sismographe des coeurs, a pour mission de descendre au sein de profonds sentiments. Création vivante et témoignage d’un voyage intérieur, son expression fait du sujet un simple prétexte à sa poésie visuelle». C’est ainsi que Joëlle B. Le Blanc résume sa propre démarche, en nous introduisant du même souffle à son art, qui tient à la fois de la danse et du graphisme.
Chez elle la gestuelle plastique semble en effet avoir partie liée avec l’expression corporelle, non seulement parce qu’elle connaît bien la danse et la scène mais aussi parce que le corps humain saisi dans l’élan même de son mouvement constitue la principale source de son inspiration. Ce mouvement peut être emprunté à quelque spectacle chorégraphique ou bien dérobé à quelque scène d’alcôve ou de vive intimité.
Née à Montréal, Joëlle grandit dans un milieu d’artistes. Sa mère et une tante travaillent sur porcelaine, son père est pianiste de jazz, un oncle est professeur à l’école des beaux-arts et critique. Des encouragements, des cours, des voyages culturels, des lectures stimulent en elle son penchant naturel pour l’art, en 1977 elle fréquente le petit groupe des « Para-réalistes » qui gravite autour de Jordi Bonet au manoir de Saint-Hilaire.
Puis elle poursuit ses études, surtout en dessin et en peinture, mais aussi en droit, en gestion et avec une attention toute spéciale en gravure. De fait, cette artiste manifeste une prédilection pour l’encre et les papiers, et la feuille semble devenir un plateau de scène où, la main fait apparaître et évoluer des corps qui bougent et palpitent, et dont l’élan se suspend sous les traces que l’encre y laisse quand la main se retire.
Sous le subtil dosage des ombres et des lumières, une ambiance en camaïeu imprègne et conquiert l’espace qu’elle invente pour accueillir l’émergence du mouvement le plus profond, celui de la vie qui se manifeste dans la dramaturgie sensuelle de la chair, dont le corps devient le masque, le véhicule, le matériau.
On comprend par là que Joëlle B. Le Blanc admire tant Rubens, et encore Georges de la Tour ou Delacroix et des dizaines d’autres, dont Géricault et Dali, Michel Ange et Camille Claudel. Elle y puise tout matériellement son miel et les élans qui la font avancer. Trop souvent les artistes contemporains voudraient réinventer la roue ou prétendent même le faire, quand la roue existe sous de si nombreuses et diverses facettes pour mieux faire avancer chacun dans sa propre voie!
Car les oeuvres d’art naissent des oeuvres, comme les fleurs naissent des fleurs. Car le présent naît du présent qui vient de passer et touche un présent qui est encore futur. Car la créativité n’est pas peut-être après tout, que la passion de «croire à la simplicité de l’émerveillement», comme le note si joliment cette artiste qui sait « modeler les lumière et les ombres » avec toute sa sensibilité.
MANIFESTE DU PLURALISME
Le Pluralisme, en art comme en tout domaine, se fonde sur la liberté de pensée et d’expression, et se manifeste par son ouverture d’esprit et son sens critique.
Le Pluralisme refuse toute mode, toute subordination à quelque idéologie ou academisme, toute dépendance des dogmatismes ou mandarinats culturels, et fuit l’élitisme ou préciosité comme le médiocre ou le banal.
Le Pluralisme demande que les organismes ou programmes culturels et les vehicules d’information accueillent toutes les formes d’arts, sans favoritisme ni exclusion.
Le Pluralisme se fonde sur l’indépendence et l’autonomie, dont l’authencité constitue la source, la voie et le terme. Il s’assume en sa propre évolution, dans le flux de la vie et de ses pulsions dynamiques. Utopie, dira-t-on ? – L’art est en effet utopie, comme lieu privilégié et inépuisable de l’imaginaire. Et ainsi les multiples et diverses formes esthetiques qu’imprègne la liberté se rencontrent et se fertilisent, dans la vaste sphère à géometrie variable du Pluralisme, sans prosélytisme et sous le souffle de l’inspiration et de la créativité de chacun.
Guy Robert