Le bonheur de Joëlle

Lauréate du premier prix de MRV

Joëlle B. Le Blanc n’est pas heureuse d’avoir remporté le 1er prix du jury de l’expo-concours Montagne, rivière et village. Elle est folle de joie.
L’artiste de 32 ans, qui partage son temps entre Mont-Saint-Hilaire, où elle habite depuis un vingtaine d’années, et Montréal, où elle a campé son atelier, aura probablement besoin de quelques jours encore, sinon quelques semaines, pour se remettre de ses émotions.
« Ce qui me touche le plus, c’est d’avoir gagné un concours ouvert à tous les médiums avec une encre et, de surcroît, avec une oeuvre en noir et blanc. Pour moi, c’est la preuve que je dois toujours écouter mon coeur. Par le passé,j’ai essayé de séduire, je me demandais ce que les gens voulaient. Mais,j’étais à côté de mon potentiel », de dire celle qui a donné vie aux fameuses ballerines de Fusion, la pièce primée par les juges de MRV.
Dans un style toujours très réaliste, Joëlle B. Le Blanc travaille l’encre, ou le javis, mais aussi l’huile. Elle est également graveur et maîtrise parfaitement la technique des hauts contrastes.

DE LA POÉSIE…

Si la séduction plate et bête ne fait plus partie de son quotidien, Joëlle B. Le Blanc ne fuit pas la reconnaissance pour autant. Pas du tout. Contrairement à d’autres professionnels du pinceau, son plaisir n’est surtout pas limité à la seule étape de la création.
«L’art est une forme de communication, autrement ce serait de la masturbation, dit-elle. Ce que les gens apprécient d’une oeuvre, c’est la poésie que l’artiste y a mise. Or, c’est quand je constate que les gens ont saisi ma poésie que je suis heureuse. C’est comme s’ils me tendaient la main pour me sortir de ma petite bulle.»

DES TALONS HAUTS…

Avec ses talons hauts, ses fringues grand chic, sa tête minutieusement coiffée et ses manières impeccables, l’artiste affiche davantage les allures d’une professionnelle accomplie que d’une jeune peintre. Et ce n’est pas tout à fait faux puisqu’elle gère son art à la façon d’un entrepreneur, avec des objectifs précis, un plan d’affaires, etc…
De plus, avant de se mettre à la peinture et à la gravure à temps complet, il y a deux ans, elle a étudié le droit à l’Université de Montréal. « J’ai toujours fait de la peinture, de la gravure ou du dessin, mais je n’aurais jamais osé, jusqu’à tout récemment, sortir de ma garde-robe.. Maintenant que c’est fait, je ne pourrais pas imaginer travailler dans un autre domaine. En abandonnant la carte de la sécurité et de la stabilité, j’ai pris là la décision la plus importante de ma vie », explique-t-elle.

…ET UN DISCOURS DE GAGNANTE

« Aujourd’hui, chaque fois que j’en ai l’occasion, j’encourage d’ailleurs les gens à exploiter leurs talents. Il faut faire ce qu’on aime pour voir les portes s’ouvrir devant soi. Il ne faut pas s’éteindre, la vie est trop belle.»
Ce que Joëlle B. Le Blanc ne dit pas c’est qu’elle n’aurait de toute façon pas eu le temps de s’éteindre. Son agenda déborde. Elle doit, entre autres, tenir une exposition à Toronto, une à Ottawa, une à Montréal, une autre encore à Mont-Saint-Hilaire, au faubourg des arts. Elle doit aussi rééditer les gravures de Paul Morin en « Hommages posthumes ». Elle doit illustrer un recueil de poèmes de Marc Labelle, suivre un atelier de gravure au burin avec George Ball, à Paris. Et elle compte continuer à savourer ses plus récents honneurs et se montrer attentive aux nouvelles offres qu’on pourrait en conséquence lui faire.

Bernard BLANCHARD